Frankenstein, de Mary Shelley: héros romantiques, héros mythique et antihéros

Le romantisme britannique est un mouvement culturel qui apparaît à la fin du XVIIIe siècle en Grande Bretagne et se poursuit jusque dans les années 1850. Il s’exprime dans la peinture, la sculpture, la musique, la politique, mais aussi et surtout dans la littérature. Dans le cadre de la notion intitulée “Mythes et Héros” au programme au lycée, une œuvre anglaise romantique s’avère particulièrement intéressante à étudier : il s’agit de Frankenstein, ou le Prométhée Moderne (Frankenstein, or The Modern Prometheus), un roman publié en 1818 par Mary Shelley.

Boris Karloff comme le monstre de Frankenstein
Boris Karloff comme le monstre de Frankenstein

Frankenstein est un chef d’œuvre de la littérature anglaise qui appartient au mouvement romantique, et plus particulièrement au roman gothique : il combine ainsi la fiction, l’horreur et le romantisme. L’oeuvre est aussi considérée comme l’un des premiers exemples de science fiction. Frankenstein est un roman épistolaire qui comporte plusieurs couches narratives, avec différents correspondants, mais son personnage principal est le scientifique Victor Frankenstein. Lors de ses études à Ingolstadt, Victor découvre le secret de la vie et fabrique un monstre dans les profondeurs de son laboratoire. Ce monstre, d’aspect repoussant mais doté d’intelligence, est immédiatement rejeté par Victor. Le scientifique est alors rongé par la culpabilité, non seulement parce qu’il a abandonné sa créature mais aussi parce qu’il est incapable d’empêcher le monstre de répandre la terreur et de représenter une menace pour les hommes.

Victor Frankenstein est un héros romantique : c’est un homme sensible, auquel son destin échappe, et dont les règles imposées par la société nie les aspirations créatrices. En donnant la vie à son monstre, il commet un acte transgressif et par là acquiert aussi une dimension mythique. Cette dimension mythique est d’emblée indiquée dans le sous-titre de l’oeuvre : Victor devient en effet un Prométhée moderne, dont les actes défient la loi naturelle.

Dans la mythologie grecque, Prométhée est connu pour avoir créé les hommes à partir de restes de boue transformés en roches, ainsi que pour le vol du « savoir divin », le feu sacré de l’Olympe, qu’il a ramené aux hommes contre la volonté de Zeus, le roi des dieux. En guise de punition, Zeus a condamné Prométhée à être attaché à un rocher sur le mont Caucase, où son foie est dévoré par l’Aigle du Caucase chaque jour et renaît chaque nuit. Ce supplice rappelle le désespoir et le destin tragique de Victor Frankenstein après la création du monstre, et achève donc de rapprocher les deux personnages. En effet, le monstre créé puis abandonné par Victor n’a de cesse de retrouver son maître : dans cette quête, il tue tous les proches du scientifique et finit par détruire sa vie.

La comparaison avec la figure de Prométhée permet également de révéler que Victor Frankenstein est aussi une sorte d’anti-héros. En grec ancien, l’étymologie de Prométhée, c’est-à-dire « celui qui réfléchit avant », « le prévoyant », devient en effet ironique quand elle est appliquée à Victor : c’est la qualité qui manque justement au scientifique, puisqu’il est inconscient des conséquences morales de son acte et des besoins qu’éprouve sa créature.

Enfin, le monstre lui-même peut être considéré comme une figure du héros romantique. Le monstre est un géant d’aspect terrifiant, mais il est aussi sensible et intelligent. Il tente de s’intégrer aux hommes, mais son apparence l’en empêche et repousse toutes les personnes qu’il croise sur son chemin. Aigri par l’abandon de son maître et sa solitude forcée, il cherche à se venger de son créateur et sème la terreur parmi ses proches. Dans le roman, le monstre raconte son histoire et surtout son éveil à la conscience morale. C’est donc par lui qu’apparaissent les sources philosophiques et toute la dimension intellectuelle romantique de l’œuvre. En effet, le monstre est d’abord une créature innocente qui représente le type même de « l’homme naturel », et son récit récapitule les différentes étapes de son cheminement vers la civilisation.

Exercices:

Exercices à mettre en place en cours. Dans une séquence intitulée « Mythes et Héros dans le roman anglais Frankenstein de Mary Shelley », les élèves seront amenés à découvrir des extraits de l’œuvre, sous forme écrite et audio. Le professeur leur présentera également des extraits d’une des adaptations cinématographiques de l’œuvre : le film Frankenstein réalisé par Kenneth Branagh en 1994, avec Robert De Niro dans le rôle du monstre.

  1. Compréhension écrite et expression écrite : le professeur fournit aux élèves le chapitre 16 du roman, dans lequel c’est le personnage du monstre qui s’exprime. A partir de cet extrait, les élèves devront rédiger un court paragraphe en anglais, dans lequel ils devront expliquer pourquoi le personnage du monstre lui-même peut être considéré comme un héros romantique dans FrankensteinChapitre 16
  2. Expression écrite : Le professeur fait visionner aux élèves un court passage du film Frankenstein réalisé par Kenneth Branagh, dans lequel on assiste à la création du monstre. Il demande ensuite aux élèves de décrire ce qui se passe dans la scène, en ayant recours au vocabulaire précis de l’analyse cinématographique (composition de l’image, usage des couleurs, mouvements de la caméra…). 
  3. Compréhension orale : à partir de la version audio du chapitre 5 de Frankenstein (qui décrit la création du monstre par Victor Frankenstein), le professeur fait remplir aux élèves un texte à trous en anglais. Cet exercice permettra de travailler sur le vocabulaire de l’épouvante. Version audio du roman
  4. Expression orale : les élèves, répartis en groupes, sont chargés de présenter de courts exposés d’une quinzaine de minutes chacun. Ces exposés devront présenter une adaptation chacun du roman Frankenstein, et les élèves devront à chaque fois mettre en évidence la représentation du mythe de Prométhée dans l’adaptation qu’ils ont choisi (les possibilités sont multiples, avec des adaptations au théâtre, au ballet, et bande dessinée ou en jeu).

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